Alors que la construction entame sa période de forte activité de l’année, le marché du travail du secteur pourrait retourner à des conditions plus habituelles.
Les données de l’Enquête sur la population active de mars 2025 révèlent que plusieurs indicateurs clés ont progressé au cours des 12 derniers mois. Par rapport à mars 2024, la main-d’œuvre du secteur a augmenté de 43 300 travailleurs (2,6 %), mais l’emploi n’a progressé que de 24 300 travailleurs (1,6 %), ce qui a contribué à une augmentation du taux de chômage d’une année sur l’autre, passant de 7,3 % en mars 2024 à 8,2 % en 2025.
Le taux de chômage plus élevé suggère que l’industrie pourrait revenir à des niveaux d’activité plus habituels, en particulier par rapport aux marchés du travail extrêmement tendus des dernières années.

La valeur et le nombre de permis de construction résidentielle étaient en hausse en janvier dernier (par rapport à janvier 2024), avec une croissance nettement plus forte dans les immeubles à logements multiples qui suit la croissance modérée observée depuis que le gouvernement fédéral a instauré un remboursement de 100 % de la TPS pour les immeubles d’habitation construits spécialement pour la location. Cette croissance coïncide avec les tendances des mises en chantier. En particulier, la Saskatchewan, le Québec et l’Île-du-Prince-Édouard affichent une très forte croissance depuis le début de l’année.
Cependant, la construction résidentielle reste modérée en Ontario, ce qui limite la croissance nationale des mises en chantier. Les ventes de nouveaux logements dans la région du Grand Toronto ont été particulièrement faibles, et la Building Industry and Land Development Association a signalé une baisse de 50 % d’une année sur l’autre en février. Les ventes de copropriétés ont diminué de 62 % par rapport à la même période de l’année précédente, tandis que les ventes de maisons individuelles ont baissé de 38 %.
À l’exception de la faiblesse du secteur résidentiel en Ontario, la baisse des taux d’intérêt devrait contribuer à la stimulation d’une modeste reprise dans l’ensemble du pays. Si l’on ajoute à cela la vigueur persistante de la construction non résidentielle dans l’ensemble du Canada, l’industrie est prête à connaître une saison de construction plus forte en 2025.
L’augmentation du taux de chômage ne doit pas nous alarmer. Même à des niveaux supérieurs à 8 %, le taux de mars 2025 correspond à la moyenne des cinq dernières années pour le mois et se situe nettement en dessous de la moyenne des dix dernières années, qui est de 10 % pour le mois.
Un examen plus approfondi de l’augmentation des données sur la main-d’œuvre révèle une croissance notable chez les jeunes travailleurs âgés de 15 à 24 ans. Avec une croissance de 14 400 travailleurs d’une année sur l’autre, soit 8 %, cette cohorte a représenté plus d’un tiers de l’augmentation totale de la main-d’œuvre au cours des 12 derniers mois et a plus que compensé la diminution de 10 600 travailleurs dans la cohorte des 55 ans et plus.
La croissance de la main-d’œuvre a également été importante chez les jeunes femmes (de 15 à 24 ans), où elle a augmenté de plus de 20 % par rapport à l’année précédente. La cohorte d’hommes les plus jeunes a connu une augmentation plus faible de 6,5 %. Les augmentations ont été plus modestes au sein de la main-d’œuvre des deux genres en âge de travailler (de 25 à 54 ans), tandis que les cohortes les plus âgées des deux genres ont connu des ralentissements de la main-d’œuvre.
Bien que la croissance de la main-d’œuvre du secteur de la construction au Canada ait légèrement dépassé celle de l’emploi, ces tendances sont encourageantes, car elles indiquent que le secteur parvient à recruter de jeunes travailleurs et, en particulier, des travailleurs appartenant à des groupes traditionnellement sous-représentés, comme les femmes. Cette croissance est importante pour permettre au secteur de pallier les départs à la retraite et de renforcer sa capacité à construire les infrastructures dont le pays a désespérément besoin.
Des hausses d’emploi ont été signalées dans cinq provinces au cours de la dernière année, les augmentations les plus notables étant observées en Alberta (25 800; 10,7 %), en Colombie-Britannique (15 100; 6,3 %) et en Saskatchewan (8 700; 24,2 %). L’Ontario (-23 700; -4,1 %) et Terre-Neuve-et-Labrador (-3 000; -16,9 %) ont connu les ralentissements de l’emploi les plus importants d’une année sur l’autre. Les taux de chômage varient d’une province à l’autre, de 3,1 % en Colombie-Britannique à 26,7 % à Terre-Neuve-et-Labrador. La plupart des autres provinces ont enregistré des taux compris entre 9 % et 11 %.

Indicateurs clés du secteur de la construction
