Baisse de l’emploi dans le secteur de la construction en août, avec des ralentissements drastiques en Ontario | ConstruForce Canada

Baisse de l’emploi dans le secteur de la construction en août, avec des ralentissements drastiques en Ontario


Carrefour Marché de l’emploi

L’emploi dans le secteur de la construction a chuté en août, en partie à cause d’un ralentissement drastique en Ontario. 

Selon les dernières données de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada, l’emploi dans le secteur de la construction a perdu 9 200 travailleurs, correspondant à une chute de 0,6 % au niveau national, par rapport aux niveaux observés en août 2023. La main-d’œuvre du secteur de la construction a augmenté de 13 100 travailleurs, soit 0,8 %, au cours de la même période. Par conséquent, le taux de chômage du secteur a présenté une hausse, passant de 3,4 % à 4,7 %. 

Population active, emploi et taux de chômage dans le secteur  de la construction (%), Canada

Tandis que la construction de nouveaux logements remonte dans de nombreuses provinces du pays, le marché continue de baisser en Ontario, dans le Manitoba et en Colombie-Britannique. Depuis le début de l’année, les mises en chantier ont chuté dans ces trois provinces, les chutes les plus notables concernant les constructions basses (c’est-à-dire les maisons individuelles, les maisons jumelées et les maisons en rangée). 

Avec une baisse de 43 000 travailleurs, par rapport à l’année précédente, soit une diminution de 6,9 % employés, l’Ontario connaît la plus grosse baisse d’emploi de toutes ces provinces, surtout à cause du déclin des constructions basses. Le Manitoba et l’Alberta lui emboîtent le pas avec des baisses de travailleurs respectives de 5 600 (soit une chute de 8,9 %) et de 3 600 (soit 1,4 %). 

Dans ce cadre, notons que six provinces sur dix, dont les quatre provinces de l’Atlantique, observent une hausse de l’emploi, au cours des 12 derniers mois. Avec 29 200 travailleurs, soit 13,3 %, la Colombie-Britannique a enregistré de loin la plus belle augmentation annuelle, parmi toutes les provinces. Le Québec la suit avec une hausse de 9 600 employés, soit 2,9 %. Les hausses parmi les provinces de l’Atlantique varient de 2 900 travailleurs en plus, soit 7,3 %, en Nouvelle-Écosse à 600 travailleurs en plus, soit 2,8 %, à Terre-Neuve-et-Labrador. 

Les tendances en matière d’emploi, tous genres confondus, suivent un parcours similaire. L’emploi des hommes en général a chuté de 9 300 travailleurs, soit 0,6 %, au niveau national, avec l’Ontario chutant de 33 200 travailleurs, soit 6,1 %. L’Alberta et le Manitoba ont également enregistré des baisses de leur taux d’emploi de 5,2 % et de 11,2 %, respectivement. La Colombie-Britannique a également enregistré la hausse la plus importante de son taux d’emploi chez les hommes, avec une hausse de 27 200 personnes, soit 14,1 %. Les augmentations dans les autres provinces varient de 7 800 (2,7 %) au Québec à 200 (0,5 %) en Saskatchewan. 

Il convient de noter une importante augmentation en matière d’emploi chez les jeunes hommes (c.-à-d. entre 15 et 24 ans). Au niveau national, cette tranche de la population a augmenté de 13,3 %, en un an. Les augmentations pour le même groupe sont également importantes au Québec (41,9 %), en Alberta (33,2 %) et en Colombie-Britannique (17,6 %). L’emploi chez les hommes d’âge moyen (c.-à-d. entre 25 et 54 ans) a chuté de 2,5 % au niveau national, par rapport à août 2023. Ces baisses ont résonné dans sept provinces. 

L’emploi chez les femmes est resté majoritairement comparable aux 12 derniers mois, avec seulement 300 travailleuses supplémentaires, soit 0,1 %. L’Ontario, là encore, observe la plus grande diminution, quoiqu’elle ait été contrecarrée par une augmentation dans sept provinces, à commencer par l’Alberta. Les hausses d’emploi chez les femmes ont été les plus importantes dans la plus jeune tranche d’âge (de 15 à 24 ans), avec 15,6 % de hausse au niveau national, tandis que l’emploi dans la tranche d’âge moyen (de 25 à 54 ans) a baissé de 3 %. 

En août 2024, les taux de chômage du secteur de la construction dans toutes les provinces varient de 10,2 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 3,9 % au Québec. Toutes les autres provinces ont enregistré des taux compris entre 4,0 % et 5,9 %. 

Les tendances en hausse des taux de chômage national du secteur de la construction sont surtout une conséquence d’un recul de l’emploi en Ontario, un marché imposant qui dicte les chiffres nationaux. Tandis que les taux de chômage du secteur de la construction en Ontario se situent désormais légèrement au-dessus de leur moyenne au cours des dix dernières années, pour le mois d’août, les taux de chômage des autres provinces se trouvent bien en dessous de leurs niveaux historiques. Ceci est tout particulièrement vrai pour les provinces de l’Atlantique, qui comptent des tranches d’âge plus élevées et sont confrontées à plus de retraités et moins de jeunes travailleurs disponibles afin de pourvoir les postes vacants. 

Les chutes de l’emploi observées grâce aux données de l’EPA doivent tenir compte du contexte actuel. L’été 2023 a vu les taux de chômage du secteur de la construction atteindre des niveaux exceptionnellement bas, alors que le secteur fonctionnait à pleine capacité ou presque, dans le secteur non résidentiel. Une telle activité risque de ne pas se maintenir sur une longue période. 

En outre, les changements en matière d’emploi au cours de 12 derniers mois ont des chances d’être attribués au ralentissement des activités du secteur résidentiel, influencé par des taux d’intérêt et des prix de l’immobilier en hausse. 

Étant donné que la Banque du Canada a réduit son taux d’intérêt directeur pour la troisième fois en 2024 au mois de septembre, les pressions du marché commencent à s’atténuer et les mises en chantier reprennent leur croissance. 

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Klayton Gonçalves est économiste principal et responsable de l’information stratégique pour ConstruForce Canada.